De nos jours, il existe des Mutuelles qui aident matériellement des artistes à survivre quand ils sont en manque d’expositions, de galas ou de récitals. Nous avons fondé, il y a plus de vingt ans, une autre forme de Mutuelle, complémentaire à celles qui existent. Son but est d’aider les artistes que nous sommes tous à ne plus tuer, à ne pas commettre de crimes, à ne plus violer, à ne plus voler, à ne plus nous mentir, à ne plus exploiter ni la terre, ni qui ou quoi que ce soit. Également, elle nous permet d’apprendre à servir la Vie, et à ne plus nous laisser exploiter par qui que ce soit.
La morale de notre société est toujours, il est nécessaire d’en faire le constat, une morale à géométrie variable : selon les époques et les événements une personne qui en tue une autre sera soit décorée, soit punie par la loi des hommes, toute forme d’esclavage sera vue, tantôt comme étant une nécessité économique, tantôt comme une abomination.
A la morale, nous préférons, quant à nous, l’éthique qui tient compte du cas particulier et du contexte. La morale est une vieille dame dure et revêche ; l’éthique ne condamne pas et laisse à chacun la possibilité de l’erreur, elle donne aussi à chacun le choix d’en sortir ou non.
En cette Mutuelle Complémentaire qu’est le monastère laïc du Gai-rire, nous nous entraînons à cesser ce jeu qui consiste à pleurer sur soi-même, ce jeu où nous voulons nous voir vexés, pour aussitôt piquer une colère mémorable. Nous apprenons donc à ne plus nous sentir frustrés et malheureux, nous enlevons peu à peu nos masques, et nous portons quelquefois, si besoin, un nez de clown qui nous aide à être vrais.
Nous ne nous contraignons pas à être vrais et sincères, nous ne faisons pas semblant, nous nous laissons apprivoiser, nous lâchons nos peurs et prenons le goût d’être nous-mêmes. Un regard fraternel, posé sur nous, nous aide à sortir de nos névroses.
Bref, nous nous soignons, au sens religieux du terme, nous « prenons soin de l’Être ». Nous prenons soin aussi des personnes qui viennent chercher secours auprès de nous parce qu’elles n’en peuvent plus de faire semblant.
Certes, nous jugeons incontournable et nécessaire la répression vis-à-vis des « délinquants » qui veulent demeurer en leur agressivité et en leurs violences, mais cette répression n’est acceptable que dans la mesure où, dans un même temps, est proposé à chacun de venir à une vie paisible et épanouie.
Notre quête de l’humanité est éternelle, cependant nous ne sommes pas immortels. Il nous reste à apprendre à le vivre bien.
En notre société, il n’est pas encore interdit de pouvoir apprendre à se bien conduire !
Un article du Dr Aimé de Tousse
– Bonjour, j’aimerais voir le Docteur Aimé de Tousse.
– Je suis désolé, Monsieur Le Gendarme, il est toujours ici, mais il n’est pas visible.
– Dites-lui qu’il est convoqué à la Gendarmerie de Saint-Maudet en goguette !
– Je lui ferai la commission, mais je doute qu’il puisse venir, vous savez Monsieur Le Gendarme, il existe à peine, il a à peine le droit d’exister actuellement encore.
– Qui se cache sous ce pseudonyme ?
– Personne ne se cache ici, Monsieur, ce serait plutôt le contraire, nous essayons discrètement et timidement de nous révéler à nous-mêmes.
– Je vous écoute, et ce que vous me dites m’intéresse hautement. Cependant je vous préviens, si j’estime que vous êtes des gens dangereux, je ne vous louperai pas. Donc, j’insiste et je tiens absolument à voir ce monsieur !
– C’est impossible, vous dis-je, il n’est pas visible. Il ne se cache pas mais ne se montre pas. Il a bien des noms : on l’appelle Adonaï, Allah, Dieu, Bouddha, Justice, Equité, Fraternité, Miséricorde, Don de soi, Amour, mais c’est à peine s’il montre quelquefois le bout de son nez rouge qui ressemble tout à fait à celui d’un clown tendre et facétieux.