par Sylvie, docteur Vétérinaire âgée de 68 ans

« Tous les être humains aspirent au bonheur. Le désir d’être heureux et de ne pas souffrir ne connaît pas de frontières. Il est inscrit dans notre nature et, à ce titre, se passe de justification. Que nous aspirions au bonheur est un simple fait. », dit sa Sainteté le 14ème Dalaï lama.

Très jeune, j’ai eu le goût d’apprendre ou plutôt devrais-je dire d’accumuler des connaissances (dans le sens de savoir), et j’ai répondu « naturellement » à l’injonction paternelle qu’il fallait réussir à l’école et être la 1ère de la classe, sans doute aussi inconsciemment pour mériter son affection … mais de fait, j’étais toujours la 2ème !

Au fur et à mesure que je grimpais dans les études, ma tête se remplissait de noms savants et de techniques.
Diplôme de Docteur Vétérinaire en poche et devenue une assez bonne chirurgienne, je me suis contentée de voir l’animal comme un sujet qu’il fallait guérir sans m’intéresser réellement à lui, à sa relation avec son maître, à son environnement.

En fait, je n’ai compris que bien plus tard que ce n’était pas moi qui guérissais mais quelque chose qui pouvait passer par moi pour peu qu’en toute humilité je lui laisse toute la place.

Cette prise de conscience m’est apparue lors de la première retraite que je fis avec Frère Abel, quand il nous a raconté l’histoire du chirurgien en difficulté lors d’une intervention sur une patiente qui saignait abondamment. Voyant qu’il ne pouvait plus juguler l’hémorragie, il s’en est remis à Marie, en entonnant le Salve Regina pendant toute la suite de l’intervention … et la patiente a été sauvée.

Où en suis-je maintenant ?
Dans ma pratique, j’ai simplifié mon vocabulaire pour mieux communiquer avec les maîtres des animaux qui me sont confiés que j’appelle maintenant par leur petit nom. Je suis bien consciente qu’il m’arrive d’être encore dans la technique même en ostéopathie ou acupuncture, mais je prends le temps de nouer une relation avec le maître et l’animal.

Dans la vie quotidienne, je vois bien qu’il m’est encore difficile d’abandonner complètement le savoir qui me donne une forme de pouvoir sur l’autre, ce qui par là même, renforce la bulle de l’égo.